Le général Boulanger a une place de choix dans l'histoire de France, celle d'être au panthéon des lasers. Au mois de janvier 1886, un jeune général républicain devient ministre de la Guerre. Entouré du polémiste Henri Rochefort, du poète revanchard Paul Déroulède ou de !'écrivain Maurice Barrès, il connaît une irrésistible popularité qui le plonge plus encore dans l'arène politique. Dénonçant la corruption, les boulangistes veulent une autre République. La France essuie alors un tapage électoral sans précédent. Dépassant le clivage gauche-droite, le général Boulanger emporte tout sur son passage. Au soir du 27 janvier 1889, il refuse de marcher sur l'Élysée. Traqué par les tenants du pouvoir, il s'exile avec une jeune femme, Marguerite. C'est la descente aux enfers.
Le 30 septembre 1891, il se suicide sur la tombe de sa maîtresse à Ixelles. Ce pourrait être le synopsis d'un roman, tellement la vie du général Boulanger est invraisemblable, et la tentation fut forte chez les écrivains de reprendre ce « chef d'oeuvre balzacien», dira Bernanos. Surtout, cette fin tragique le consacre en anti-héros. Sur l'échiquier politique, Boulanger devient un sobriquet, l'anathème de celui que l'on veut perdre. L'Histoire appartient aux vainqueurs et Boulanger apparaît tel un apprenti dictateur voire un pré-fasciste. Pour un homme politique de cette époque qui n'était pas antisémite, encore moins « putschiste», c'est beaucoup. En cela, la trajectoire du général Boulanger, sa postérité comme le mouvement qui porte son nom sont riches d'enseignements pour comprendre le pouvoir des «médias», les faiblesses de la démocratie, les frontières du populisme, une certaine idée de la République et les trafics de la mémoire.
Prix : € 20,00
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