Il était logique qu’après mes souvenirs d’enfant aux genoux écorchés cela débouchât sur ceux de l’adolescent puis de l’adulte devenu « régent », comme le désirait tant mon père. Finalement, ce métier d’instituteur, que je n’avais pas vraiment choisi, m’aura permis de rester proche de l’enfance, même si son exercice a été l’occasion d’autres écorchures, moins visibles, mais peut-être moins superficielles. C’est sans doute le prix à payer quand on suit une autre route que celle tracée par l’institution. Métier passionnant, mais usant, que celui d’instituteur, fait d’autant d’hésitations, de doutes que de satisfactions. Je l’ai exercé avec la personnalité, la conscience et la liberté auxquelles m’avait préparé mon éducation. Un long parcours semé d’embûches, d’erreurs, de déceptions, de gratifications aussi, heureusement. J’étais parti de presque rien et je suis arrivé à pas grand-chose, mais au bout du compte avec un « bilan globalement positif », cela dit pour plagier, au choix, Georges Marchais en 1979 ou Jean Ferrat en 1980, sachant qu’ils ne mettaient pas vraiment la même chose derrière la formule. J’ai quand même pu semer des graines qui ont parfois germé et changé quelques personnes, même si elles n’ont pas changé le monde, ni l’école. J’ai bien aimé ce métier que j’ai malgré tout quitté sans regrets pour une retraite tantôt bien remplie, tantôt oisive, mais bien méritée... enfin, je trouve.
Prix : € 04,95
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